Aujourd’hui je reçois Chloé Thibaud, journaliste, dans le cadre de l’écriture de son premier livre intitulé “En relisant Gainsbourg”. Elle y dissèque l’œuvre de Gainsbourg à travers les auteurs et les personnes qu’il a rencontré au cours de sa vie. Un livre passionnant pour les fans de littérature et de ce poète des temps modernes.
Retrouvez l’interview vidéo et en podcast en bas de page
Bonjour Chloé Thibaud. La première question que l’on a envie de vous poser c’est: Pourquoi Gainsbourg ?
La réponse est assez simple. J’ai 30 ans, et le 2 mars nous fêterons les 30 ans de la disparition de Serge Gainsbourg. Nous nous sommes croisés…
J’ai aussi baigné dans cet univers depuis ma naissance, car mes parents étaient de grands fans. C’est un artiste qui a marqué mes jeunes années, et qui m’a suivi tout au long de ma vie à travers des souvenirs partagés avec mon père notamment. Lui aussi écrit, et il m’a fait tendre l’oreille et me pencher sur les textes de Gainsbourg. Cela m’a permis de découvrir à quel point il était important dans la chanson et dans la littérature française, et à quel point il était passionnant à lire et à étudier.
Vous dites avoir des souvenirs reliés à Gainsbourg avec vos parents, vous voulez bien en partager quelques uns avec nous ?
Comme tout le monde j’ai des souvenirs d’écoute en radio ou de télévision mais, j’ai surtout le souvenir de chanter “le poinçonneur des lilas” avec mon père. Cette chanson nous plaisait beaucoup car sous ses airs de chanson plutôt simple elle est en fait assez compliquée.
Et puis j’ai aussi beaucoup de souvenirs de balades où l’on s’arrangeait pour passer par la rue de Verneuil pour regarder la façade de la maison de Gainsbourg. Elle change tout le temps. On y retrouve des tags, des affiches il y a toujours beaucoup à y voir.
Je me souviens aussi d’être passée un bon nombre de fois dans le cimetière du Montparnasse sur sa tombe pour aller y voir l’agglomérat de tickets de métro ou les paquets de cigarettes qui y sont déposés.
J’ai à la fois ces souvenirs d’écoute et de balades sur les pas de Gainsbourg dans Paris.
Si vous pouviez parler à Gainsbourg, vous lui diriez quoi ?
Je lui dirais merci. C’est vraiment grâce à lui que j’ai commencé à aimer la chanson française et que j’ai pu m’apercevoir de la richesse de notre langue. Il fait parti, avec Boris Vian, des auteurs qui m’ont amenée à tendre l’oreille, à lire, et à comprendre que notre langue se réinvente sans cesse. On peut inventer des mots nouveaux, couper des phrases en plein milieu pour créer des pirouettes inattendues. Je leur doit mon amour pour les études littéraires. Evidemment, en classe prépa on n’étudie pas Gainsbourg mais cela m’a amenée à découvrir d’autres œuvres qui l’on inspiré et que j’ai appris à aimer moi aussi.
Vous avez fait énormément de recherches pour écrire cet essai.. Comment avez vous procédé dans ce travail de fouille?
J’ai toujours été une littéraire dans l’âme. Je lis beaucoup depuis que je suis jeune, j’ai fait des études en littérature et un master spécialisé en littérature du 19ème siècle, qui est la période de prédilection de Gainsbourg. Donc, dans un premier temps il y a vraiment, cette imprégnation constante et inconsciente de toutes ces œuvres et de celles qui l’ont inspirés.
Durant mes études il a aussi fallu travailler sur un mémoire de recherche. Je me suis dit que c’était l’occasion de fouiller et d’approfondir l’analyse de ces auteurs qui ont marqué et inspiré Gainsbourg. j’ai étudié les livres qui l’on influencé de manière personnelle ou professionnelle et en parallèle j’ai repris tous les textes de Gainsbourg. J’ai cherché à les rapprocher, et faire des paris plus ou moins osés.
Quelle est votre chanson préférée ?
C’est “la valse de Mélody”. Elle est d’une mélancolie sans nom, et il y a cette phrase que je trouve essentielle:
Le soleil est rare et le bonheur aussila valse de Mélody / Serge Gainsbourg
Ce n’est peut être pas la phrase la plus optimiste, mais je trouve qu’elle résume beaucoup de choses en quelques mots très simples. Et pourtant elle est d’une poésie immense. Pour le coup, il est presque impossible de faire abstraction de la musique. Je peux écouter cette chanson en boucle, je ne m’en lasse jamais.
C’est votre premier essai, est ce que cela vous a donné l’envie de continuer à écrire?
Ecrire c’est mon métier de journaliste. Ce travail est vraiment tiré de mes recherches, d’il y a quelques années maintenant, mais je l’ai retravaillé avec une vision différente. J’espère que dans ma carrière je consacrerais d’autres livres à d’autres personnalités ou d’autres thèmes. J’aimerais aussi me lancer dans un roman, de la fiction. Mais pour le moment je suis encore très attachée à l’aspect journalistique de ma carrière: écrire à partir de l’existant. Mais j’aimerais beaucoup me lancer un jour.
Votre livre sort le 5 février, Comment vous sentez vous Chloé Thibaud à une semaine de la sortie ?
Excitée forcément.. Nous avons beaucoup travaillé avec mon éditeur Jean-Philippe Biojout (de chez bleu nuit éditeur) afin que ce livre corresponde exactement à ce que je voulais vraiment. Je l’ai reçu il y a quelques semaines, je pense que c’est là que l’émotion était à son maximum. Maintenant j’ai hâte qu’il existe. Après je pense qu’ il s’adresse à une niche. Il faut déjà aimer Gainsbourg, la littérature et avoir envie de se plonger dans quelque chose d’assez précis. Mais je suis ravie qu’il puisse être mis à disposition des fans car il y en a beaucoup. Et puis c’est une double actualité puisque cette année cela fera 30 ans que Serge Gainsbourg à disparu.
Chloé Thibaud, ma dernière question: Qu’est ce que l’art pour vous?
La vie ! sans hésitation.
C’est bien pour cette raison que l’on est si malheureux depuis plus d’un an. A titre personnel, c’est ce qui me manque le plus.