je suis absolument ravie de recevoir Vincent Fuchs, directeur artistique, metteur en scène, et bien d’autres choses encore que vous allez découvrir ici.. Comme à l’accoutumé retrouvez le résumé écrit de l’interview ainsi que le podcast. Bonne lecture et bonne écoute.
Bonjour Vincent Fuchs. Je suis très contente que la saison 2 commence avec toi. Comment vas-tu ?
Comme un début d’année, on attend de revoir tout le monde pour faire de la musique.
Alors qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette année ?
Se retrouver tout simplement, retrouver le public évidemment, mais aussi les gens avec qui l’on fait de la musique.
Justement en parlant de musique, j’ai essayé de te classer mais c’est impossible… comment te définirais tu ?
Je me définirais tout simplement comme un artiste. J’aime profondément la scène et le spectacle. Il est vrai que, de par ma formation, mes rencontres, j’ai eu la chance de faire plusieurs métiers : chef d’orchestre, chef de chœur, comédien, metteur en scène, organisateur de spectacles. J’ai aussi la chance de jouer de plusieurs instruments de musique ce qui m’amène parfois sur scène pour jouer. J’aime cultiver cette double casquette : Pop et classique car j’ai aussi eu le bonheur de diriger des opéras.
Donc, C’est vrai, j’ai un parcours atypique ! Ce qui je dois l’avouer n’est pas toujours très bien vu dans un pays comme la France où l’on a tendance à vouloir faire rentrer les gens dans des cases.
Mais en tout cas pour moi, c’est très enrichissant. Que ce soit en termes d’expériences ou en termes de rencontres. Donc, oui c’est parfois un peu compliqué de me classer mais, au sens large je me considère comme un artiste.
Tu as commencé la musique très jeune puisque tu avais 5 ans. Quand tu as commencé à jouer, de la batterie notamment, tu rêvais de quoi ?
Et bien, déjà à l’époque, je crois que je rêvais d’être sur scène. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont fait faire de la musique très tôt, et comme nous habitions en région parisienne, nous allions aussi très souvent voir des concerts. C’était au début des années 80. J’ai eu la chance de voir Alain Souchon, Michel Jonasz, Louis Chedid… toutes les têtes d’affiches de l’époque. Et très tôt, je me suis dit que c’est là que j’avais envie d’être : Sur scène !
Petit, j’avais été impressionné par Manu Katché (le batteur). J’ai dit « je veux faire ça! » Donc mes parents, à 5 ans, m’ont inscrit à des cours de batterie. Il a aussi fallu que je fasse du solfège aussi. Au début ça s’est très bien passé, puis ensuite nous avons changé de prof de solfège, et je m’entendais moins bien avec lui. Du coup, j’ai un peu arrêté la musique pour me consacrer au sport pendant 3 ans.
Quel sport as-tu pratiqué?
Je faisais du handball.
Ensuite il y a eu du changement car nous sommes partis habiter dans la belle ville d’Avignon. J’avais un peu fait le tour du sport, et puis je n’aimais pas trop l’esprit de compétition. J’avais surtout envie de reprendre la musique.
La chance c’est qu’à Avignon, il y a un très bon conservatoire et mes parents m’y ont inscrit…. Mais, pas en batterie! En effet, à l’époque nous habitions en appartement et ce n’était pas possible à cause des voisins. Evidemment, il m’a été demandé de choisir un autre instrument. La décision s’est faite un peu par hasard. Pour l’anecdote : Ma mère m’a dit « tu as un vieil oncle qui joue de la clarinette, toi tu n’étais pas trop mauvais en flûte à l’école, donc ce serait bien que tu fasses de la clarinette car cela ressemble un peu à la flûte »! et voilà comment j’en suis arrivé à faire de la clarinette. (rire)
Lorsque tu parles de musique, tu parles d’échange ?
Oui, c’est au conservatoire d’Avignon que j’ai fait ma vraie formation musicale, et surtout, découvert le goût de faire de la musique avec les autres.
On avait la possibilité d’assister aux spectacles qui avaient lieu à l’Opéra d’Avignon. Et donc, à l’âge de 12 ans, je me suis retrouvé à aller voir, toutes les semaines, des spectacles. Je me suis construit une culture musicale sans même m’en rendre compte. Je faisais aussi partie d’un orchestre dont le chef formidable. Il nous a appris la valeur du « jouer ensemble ». Je le remercie d’ailleurs, parce que cela a orienté le reste de ma carrière. Ces années-là m’ont formé en tant que musicien, mais j’ose aussi penser qu’elles m’ont aussi formées en tant qu’homme.
Tu as fait de la radio ?
Oui, alors ça aussi, ça a été une aventure incroyable.
Parallèlement à la musique j’ai mené des études de communication. La radio m’avait toujours beaucoup intrigué, et je me suis dit « pourquoi ne pas tenter ». J’ai eu la chance d’être pris assez rapidement, et ça a été ma vie pendant 8 ou 9 ans. J’ai fait toutes sortes d’émissions: de la cuisine, du jardinage, du bricolage… j’ai même fait des commentaires sportifs pour des matchs de foot de ligue 1.
D’ailleurs, je livre un petit secret, mais, il m’arrive encore, de temps en temps, de repasser derrière le micro. J’aime beaucoup, parce que c’est un peu comme la musique, c’est un métier certes, mais c’est avant tout une passion et un plaisir de partager avec les autres.
Tu as travaillé sur plusieurs comédies musicales, tu t’y consacres un peu moins maintenant, cela te manque t’il ?
Oui énormément. Comme je le disais tout à l’heure, j’ai été formé à l’Opéra et à l’opérette. Le lien vers la comédie musicale était donc presque naturel.
J’ai commencé à vraiment m’y intéresser lorsqu’il y a eu cette vague de grandes comédies musicales : Notre Dame de Paris, les dix commandements … Ce qui m’intéressait, c’était de savoir comment cela fonctionnait, et comment tout cela était construit. Je me suis donc lancé (alors que j’étais pas forcément formé pour ça).
Sur la première comédie musicale, Emilie Jolie, nous avons eu la chance de faire une tournée nationale de quarante dates et avons reçu plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Ça a été une aventure incroyable.
Ensuite nous avons enchainé avec le Soldat Rose de Louis Chédid. Nous avions une troupe d’amateurs et cela marchait vraiment bien. On voyait se dessiner une tournée des Zénith. Mais, nous avons été stoppés dans notre élan par les créateurs d’origine, qui ne voyaient pas notre succès d’un très bon œil. Et tout s’est arrêté brusquement. C’est d’ailleurs, ce qui m’a fait passer à la composition. Pour éviter les problèmes de droits d’auteurs, je me suis mis à écrire et à mettre en scène moi-même. C’est comme cela qu’est né 1942, rue des Rosiers, qui raconte les quelques jours avant les la rafle du Veld’ Hiv à Paris. Evidemment, c’est un sujet qui n’est pas évident mais dans lequel nous avons tout de même, réussi à injecter un peu de bonne humeur et d’humanité.
je vais vous donner un scoop, je suis en train de retravailler sur des comédies musicales.
D’abord, sur la reprise de 1942 rue des Rosiers en 2022 pour les 80 ans de la rafle du Veld’ Hiv et j’ai aussi d’autres projets d’écriture.
En tout cas j’y reviens avec plaisir, et avec une nouvelle équipe de professionnels du domaine de la comédie musicale.
Si on reprend un peu le fil de ton histoire, en 2005 tu montes Spectacul’art. Un chœur d’amateurs, ce n’est pas très commun ?
2005 a été une année compliquée à titre personnel, et en même temps, c’est une année qui m’a permis de rebondir. J’avais envie de faire de la Scène et c’est comme cela que nous avons lancé Spectacul’art. Nous voulions monter des spectacles. Le moyen de plus facile, c’était de les créer. À la base je vais dire que c’était quelque chose d’égoïste. Je voulais réaliser mes idées, mes rêves, mes envies. L’idée était de faire chanter des gens ensemble, de manière moderne et dynamique. D’amener des choses différentes en termes de technologie de spectacle, de lumières. Des choses qui n’étaient pas utilisées pour les chorales en tout cas.
Au début nous avions une « taille humaine » puis des musiciens pros sont venus nous rejoindre. Et aujourd’hui, Spectacul’art est devenu énorme. Ce sont des centaines et des centaines d’amateurs qui viennent chanter, et plusieurs antennes à travers la France.
Et pourquoi monter Spectacul’art avec des amateurs? tu aurais pu travailler avec des professionnels tu avais déjà un réseau?
Oui j’aurais pu, et je l’ai fait d’ailleurs, partiellement. En 2009, lorsque nous avons monté des opéras, l’orchestre était un mélange de professionnels et d’amateurs. Les choristes étaient amateurs et les solistes des professionnels.
Je trouve que c’est vraiment très enrichissant pour tout le monde. Pour les amateurs car cela leur permet d’appréhender l’exigence et la rigueur des pros. Et pour les professionnels c’est une bouffée d’air frais. Les amateurs ne sont pas des gens ordinaires, ce sont des gens extraordinaires. C’est grâce à eux que nous arrivons à faire toutes ces choses incroyables.
J’ai d’ailleurs monté Carmen de Bizet avec des amateurs et des professionnels c’était une aventure humaine folle. L’opéra était presque devenu le prétexte pour se retrouver. c’était fabuleux.
Nous nous produisons dans des lieux assez fous comme le théâtre antique d’Orange. Nous avons l’occasion de chanter avec des artistes comme Emmanuel Moire, Julie Zenatti et d’autres encore. Quand on est amateur, c’est une superbe aventure. Chanter dans des endroits où certains artistes professionnel ne se produiront jamais! c’est qui fait la richesse et de l’émerveillement des Choristes avec lesquels nous travaillons.
Donc quels sont les projets de cette année pour Spectacul’art?
Alors, Si tout se passe bien…
Un premier concert le 29 mai 2021 au théâtre Antique d’Orange pour un concert hommage à Michel Polnareff et un invité de marque (dont je ne peux révéler le nom pour le moment)
Le 19 juin un concert au PHARE de Chambéry pour Goldman Story avec Emmanuel Moire en Soliste.
Au mois de juillet toujours la Goldman story aux arènes de Nîmes dans le cadre du festival. Nous y serons accompagnés par les musiciens de Goldman.
Nous avions aussi un projet, qui a été repoussé en 2022. Mais, nous allons aussi jouer notre spectacle Goldman Story à l’Olympia à Paris. Pour moi c’est une salle mythique, puisque c’est là où j’ai vu mon premier concert…donc la boucle sera bouclée.
As-tu une anecdote à nous partager, un souvenir sur scène?
C’est compliqué…
oui j’en ai trois que je peux partager avec vous et qui me touchent particulièrement.
J’ai eu à l’honneur de collaborer avec Michel Jonasz (donc je suis ultra fan). Ça a été très compliqué pour moi, parce que Moi, j’avais mon idole à côté de moi et j’attendais ses conseils, et lui, avait le directeur artistique face à lui. Il était en demande de conseils et d’avis de ma part, Alors que moi aussi. C’était vraiment un moment très fort pour moi.
Un autre moment fort pour moi a été de partager plusieurs fois la scène avec ma fille. lorsqu’elle était toute petite, je lui avais donné un tout petit rôle dans Émilie Jolie. On était sur scène, et on chantait tous les deux …
Le dernier moment : Le spectacle de Goldman avec ses musiciens. Des musiciens que j’avais vu sur scène, à la télé, et avec qui je me retrouve un jour en studio pour préparer le spectacle. Il me tombent dans les bras en disant « l’aventure qu’on a vécu, c’était une aventure formidable » voilà cela m’a beaucoup touché
Ma dernière question : C’est quoi l’art pour toi, Vincent ?
L’art c’est le goût du beau et du bon pour TOUS, par TOUS, et avec TOUS. C’est quelque chose qui se partage. D’ailleurs dans partage il y a le mot ART!