LES CONFIDENCES DE ONE MIZER.

Aujourd’hui je reçois Cyril Valade, Alias One Mizer, un artiste qui nous vient du Street-art. Repéré en 2019 comme faisant parti des 50 artistes contemporains à suivre, il se livre pour confidences d’artistes.

Comme à l’accoutumé retrouvez l’interview intégrale en podcast à la fin de l’article

One Mizer signe les lithographie représentant des caméras en forme de sapin de noel avec un cadeau au pied de celui ci
One Mizer en signature
Bonjour Cyril Valade, d’où vient ton Alias One Mizer?

Lorsque je faisais du graffiti dans la rue (il y a très longtemps), je m’étais fait attrapé. J’ai donc dû changer de nom. J’ai pris les lettres que je préférais tagger, à savoir: M,I,Z,E. Je me suis ensuite rendu compte que quelqu’un près de chez moi signait déjà « Mise ». Cela correspondait au moment où je commençais à faire quelques toiles. Et, dans « l’aristocratie du graff », on met souvent un « one » ou un « oner » devant les noms. Ceci est sensé signifier: « le premier du nom ». C’est ce que j’ai fait et je suis devenu One Mizer.

Aujourd’hui en tant qu’artiste, tu es plutôt cyril ou One Mizer ?

Plutôt Cyril je dirais… Mais j’ai tout de même gardé le nom de One Mizer car ce sont mes origines urbaines, graffiti, et hip hop. C’était important pour moi de garder cette trace.

Tu as vécu en Afrique pendant un certain temps, que gardes-tu de cette époque?

Oui effectivement. j’ai vécu 2 ans au Sénégal et 2 ans au Gabon.

Ce que je garde … Le soleil, la joie de vivre à l’africaine. C’était vraiment une belle période de ma vie. Et évidemment je garde en tête les couleurs de l’Afrique.

Retrouve t’on ces couleurs dans ta peinture ?

On me le dit en tout cas. Au début je mettais beaucoup de couleurs. Maintenant cela dépend des périodes de l’année. lorsqu’il fait gris, mon travail sera plus en noir et blanc.

En fait, ton travail change avec la météo ?

Oui (rire) c’est comme tout le monde, le temps change et l’humeur avec. Lorsqu’il fait beau, on a le sourire, c’est pareil pour ma peinture.

Tu te souviens de ton premier dessin ?

Je me souviens surtout que c’est en regardant mon père sculpter et dessiner que j’ai pris goût à l’art. Je l’ai toujours vu sculpter et dessiner, c’était sa passion.. Il adorait dessiner des voitures futuristes. Pendant ce temps là, moi, je me mettais à coté de lui, et je dessinais des Dragon Ball Z.

Ensuite au Gabon, mon voisin était aquarelliste et je ne sais pas pourquoi mais je me suis pris de passion pour l’aquarelle. Pourtant, je détestais les pinceaux. Maintenant cela va un peu mieux, mais j’avais vraiment une phobie des pinceaux à l’époque. L’aquarelle me permettait de m’évader de chez moi. J’allais chez le voisin et je peignais à coté de lui sur mes petites feuilles de canson. Les prémices de mon histoire avec l’art.

Ensuite, tu rentres en France, tu découvres les graffitis et tu deviens One Mizer ?

Oui … sur le périphérique, ou lorsque je prenais le train, je voyais toutes ces couleurs, et cela m’attirait. Je ne dirais pas que cela a changé ma vie, mais, c’est tout un univers que je découvrais et je ne pensais plus qu’à ça. D’ailleurs j’ai plusieurs fois failli avoir des accidents à force de regarder des graffitis au lieu de regarder devant moi. C’est toujours le cas !

Un soir j’étais chez un amis, nous étions dans son garage, et je vois toutes ces bombes de peinture. Nous sommes partis nous amuser un peu et depuis je n’ai plus jamais lâché la bombe.

A l’époque le graffiti avait très mauvaise presse, cela a bien changé. Partages tu ce sentiment ?

Je n’ai pas réellement le sentiment que cela ait vraiment changé. Je pense que cela s’est faussement démocratisé. Les gens sont contents de voir des graffitis dans les galeries ou sur le mur des maisons, mais je trouve que, dans la rue, le regard des gens n’a pas vraiment changé. Les gens aiment les fresques c’est vrai, mais le vrai graffiti chromé noir n’a pas plus de succès qu’avant. Pour moi c’est pourtant l’essence même du graffiti.

En 2014 tu as participé en tant qu’artiste au record du monde du plus grand graffiti, à Dubaï, Comment vit t’on ce genre d’expérience ?

C’était ma meilleure expérience. Je me suis retrouvé avec toutes les stars et les légendes du graffiti, et de la Street Art mondiale. Il y avait des artistes qui venaient des quatre coins du monde. Moi, je ne connaissait personne, car à l’époque je n’étais pas trop réseaux sociaux. Ca faisait beaucoup rire mes amis d’ailleurs !

Ce serait quoi ton rêve professionnel ?

Que Banksy m’appelle un jour et me dise: « dis donc, tu t’es fait plaisir, tu en a détourné des trucs à moi! »

Je suis en effet un grand fan de Banksy et j’aime me servir de son travail pour le détourner.

l'oeuvre de bansky détournée par One Mizer. Une petite fille porte un masque en faisant un doigt d'honner au virus du COVID
Une œuvre de Banksy détournée par One Mizer
En 2019, tu es repéré et élu parmi les 50 artistes les plus talentueux de l’année. qu’est ce que cela t’a fait ?

C’était fou!

C’était un de mes rêves de gosse de figurer dans le guide de l’art contemporain. j’avais toujours dit: « un jour je serai là dedans ». Maintenant il va falloir que je me trouve un nouveau rêve (rire) ! Peut être me retrouver dans un musée de mon vivant ! Ca fait un peu prétentieux, mais je trouve que c’est un beau rêve.

Comment qualifies tu ton art?

J’aime parler de la réalité, de ce qui se passe au quotidien, (encore plus en ce moment parce que c’est un peu dur). J’aime prendre les choses à la dérision, et parler des drames qui se jouent dans notre société. Par exemple avec la statue de la liberté le bras dans le plâtre.

La statue de la liberté le bras dans le plâtre et pleine de pansements
La statue de la liberté ne va pas bien

J’aime aussi détourner la mémoire collective, ou ma mémoire d’enfance et la remettre au goût du jour. Cela me fait un peu penser au film Amélie Poulain. Elle retrouve une petite boite de jeu des années 50, et va tout faire pour retrouver l’adulte à qui elle appartenait enfant. J’aime ramener des souvenirs enfouis. Si je peux entrouvrir la porte de l’esprit de quelqu’un, ne serais ce que d’une seule personne, je serais heureux.

Cela m’amène à cette question que je pose à chacun de mes invités. C’est quoi l’art pour toi ?

La liberté avant toute chose ! Pour moi, c’est aussi une douce souffrance car je donne de moi, ça me bouffe, et tout cela pour 20 secondes de plaisir.

Où peut-on trouver du One Mizer ?

Dans les galeries à paris et Honfleur, j’en parle sur mon site Onemizer.com

Avec quelle chanson voudrais tu finir cette interview ?

Bankrobbers de The Clash

Retrouvez l’interview intégrale de One Mizer ici

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